Le cheval en surpoids est un véritable casse-tête pour les propriétaires. Il est rond, il est beau, il mange bien à la cantine et pourtant, il est essentiel d’adopter les bons gestes pour préserver sa santé. Les risques sont bien réels : articulations qui trinquent, fourbure, problème de pieds, de tendons, de croissance, hépatique ou encore cardio-vasculaire… le corps n’est pas fait pour supporter un excès de poids. Découvrez 7 astuces pour lui faire garder la ligne.

1) Repérer le surpoids

Il faut distinguer le cheval en surpoids du cheval au gros ventre. Le gros ventre peut s’expliquer par le manque d’abdos, la présence de vers, une mauvaise digestion ou bien la présence de fourrages dans les intestins qui ont tendance à faire gonfler le ventre. Dans ce cas, le cheval n’a pas besoin de maigrir mais plutôt de tonifier sa chaine abdominale et de renforcer sa flore intestinale afin d’améliorer la digestion des aliments et parfois un vermifuge est nécessaire. Un cheval en surpoids aura des amas de graisse localisés à plusieurs endroits sur son corps.

La note d’appréciation corporelle

La note d’appréciation corporelle est un bon critère pour évaluer si son cheval est en surpoids. Pour cela, il faut observer les différentes parties : épaisseur du chignon et de l’attache de la queue (fin, normal, épais), appréciation du garrot (saillant, noyé…) croupe (pleine, creuse), arrière de l’épaule (plat, creux ou bombé), apparence des cotes (visibles, impalpables…). Je vous conseille de faire régulièrement le test d’estimation de note corporel de l’IFCE, qui est très pratique.

Le périmètre thoracique

Le périmètre thoracique est également un bon indice pour constater l’état corporel. Bien sûr, c’est un critère à prendre en compte avec les autres paramètres notamment la répartition des graisses. Vous trouverez la méthode du périmètre thoracique ici

2) Trouver la cause du surpoids

A l’état naturel, les chevaux se déplacent pour chercher leur nourriture. Ils parcourent de nombreux kilomètres tous les jours. Toujours aux aguets, ils doivent également faire face à des prédateurs. De plus, dans les régions rudes, la nourriture est rare et peu calorique.

D’autre part, dans un pré, l’herbe bien grasse à remplacé les plantes sauvages. Devant la moindre possibilité de mouvement, et la richesse de la nourriture il n’est pas étonnant que votre poney grossisse, surtout s’il ne travaille pas ou peu.

Pour résumer :

Etat naturel = apport énergétique ⬇ et dépenses ⬆

Domestication = apport énergétique ⬆ et dépenses ⬇

Le surpoids se voit surtout pour les races rustiques telles que la majorité des poneys, les races de trait ou les chevaux arabes dont la sélection génétique est faite pour privilégier un métabolisme lent, c’est à dire qui stocke un maximum de graisse pour un minimum de nourriture afin de survivre. On peut penser que le surpoids ou l’obésité sont donc des prédispositions génétiques et des conséquences indirectes de la domestication.

Dans l’alimentation, on retrouve aussi les problèmes de carences qui peuvent induire une prise de poids. En effet, cela pousse à consommer plus pour trouver les nutriments nécessaires.

Enfin, certains chevaux ont des soucis métaboliques tels que l’insulino-résistance, équivalente au diabète humain, qui peut provoquer une prise de poids.

👉 Voici les principales causes de surpoids :

  • Apports énergétiques trop élevés ou inadaptés
  • Dépenses énergétiques trop faibles
  • Problème de métabolisme
  • Stress

3) Privilégier les fourrages riches en fibre et pauvres en énergie

Une des premières choses à faire est de vérifier si la ration est bien adaptée. Une alimentation trop riche ou carencée sur un métabolisme qui a tendance à stocker est un facteur d’obésité.

Il faut donc revoir son alimentation

Généralement lorsque le cheval est trop gros, on supprime ou on limite les concentrés et on privilégie les fibres.

Si le cheval en surpoids n’a pas de besoins spécifiques liés à la croissance ou à la gestation par exemple, il est conseillé de le nourrir exclusivement au foin + CMV et pierre à sel afin de couvrir ses besoins en vitamines, minéraux et oligo-éléments et acides aminés. Un cheval en surpoids n’a pas besoin de supplément énergétique, il est donc néfaste de le complémenter en céréales. Diminuez donc progressivement les concentrés.

Utilisez des fourrages de qualité et pauvres en énergie avec un stade de maturité avancé. Récolté au stade de l’épiaison en juin, juillet.

Aussi, il vaut mieux multiplier les repas afin de se rapprocher de son mode d’alimentation naturel et permettre une meilleure assimilation des nutriments.

Certains vétérinaires préconisent de laisser le foin à volonté, afin de permettre au cheval de mieux se réguler alors que d’autres préfèrent l’imiter la quantité ingérée.

D’autre part, le stress lié à la restriction au foin peut être un facteur d’obésité. Personnellement, je n’ai pas suffisamment de recul là-dessus pour vous dire s’il vaut mieux rationner la quantité de foin ou non. Si vous avez la réponse n’hésitez pas à apporter vos commentaires.

Dans tus les cas, tout changement d’alimentation doit être très progressif afin d’éviter les coliques ou myosite.

4) Limiter l’apport en herbe

Beaucoup de propriétaires sont confrontés au problème de l’herbe trop riche et sucrée du printemps ou de l’automne. Comment faire pour limiter l’apport énergétique et notamment l’absorption de sucre contenus dans l’herbe ?

Il vaut mieux choisir un pré déjà pâturé afin de limiter la quantité d’herbe consommée. Attention à l’herbe rase qui comporterait de jeunes pousses extrêmement riches alors que l’herbe longue (à stade végétatif avancé) serait plus fibreuse et moins sucrée.

Les avis sont mitigés quant à la gestion du cheval trop gros. Certains vétérinaires recommandent de le mettre dans un pré ras et de compléter avec un foin pauvre en glucide. D’autres, préfèrent le pré avec de l’herbe haute, déjà pâturée. Libre à chacun de se faire son idée.

Une méthode intéressante est de déplacer les clôtures petit-à-petit afin d’avoir toujours une parcelle à grignoter. Cela permet de contrôler la quantité d’herbe ingérée.

L’idée étant de limiter la consommation d’herbe sans affamer son compagnon. La transition vers un régime plus strict doit toujours se faire progressivement. Comme dans toute restriction alimentaire, il faudra surveiller le risque de fugues et l’absence de plantes toxiques qui pourraient être plus facilement ingérées.

Une autre technique, plus radicale, consiste à mettre le cheval au boxe avec du foin la journée et de le sortir la nuit quand l’herbe est moins riche en sucre.

On peut éventuellement ralentir l’ingestion d’herbe avec un filet à foin (slow-feeding) ou un panier qui va limiter la quantité de fourrage consommée.

Le problème du panier c’est qu’il a tendance à user les dents. Le filet à foin n’est pas tout à fait sans risques non plus. (Foin moins bien ventilé, dents coincées…).

Si vous utilisez ces méthodes de slow feeding, veillez à ce que les mailles du filet ou les grilles du panier soient bien adaptées pour laisser passer la quantité recommandée de fourrage.

Votre cheval ne doit pas être affamé ou se retrouver blessé. On ne parle pas des ulcères lorsque l’estomac est privé trop longtemps, du stress et de l’effet rebond du cheval qui se jette sur la nourriture une fois libéré. Pour ma part, je préfère réserver le panier aux situations critiques ou au risque de fourbure accru.

5) Adapter l’exercice et les dépenses énergétiques

La fréquence et l’intensité de l’exercice influent sur la dépense énergétique et peuvent aider à maintenir un cheval en forme. Il est important d’entretenir un exercice régulier, surtout si votre cheval n’est pas du genre à se dépenser au pré. C’est à dire à frimer ou à jouer avec ses congénères.

Tout comme le changement d’alimentation veillez à introduire l’exercice progressivement afin d’éviter le risque de myosite d’effort.

Si votre cheval est au boxe, pensez à le sortir régulièrement dans un paddock ou un pré (dénué d’herbes) afin qu’il puisse se dépenser.

S’il est au pré, le paddock paradise est une excellente alternative. Il s’agit d’un pré avec un aménagement spécial qui favorise le mouvement. Parcelle en couloir, montée et descente, point d’eau très éloigné de la nourriture etc…

Vous pouvez aussi décider de réaménager le pré en éloignant les points ressources (eau, abri, aire de roulade…)

Si votre cheval est au pré, vous pouvez faire des séances d’exercice plus souvent : balades, travail à pied, monté etc…

Il faut garder à l’esprit qu’un cheval en surpoids exerce plus de contraintes sur son système ostéo-articulaire. L’augmentation du travail doit donc se faire en douceur.

Pour un cheval que l’on remet au travail, le mieux est donc de privilégier le pas et la monte fractionnée puis d’intégrer petit-à-petit les exercices de cardio comme les trotting lorsque le cheval aura retrouvé de meilleures conditions.

En hiver, évitez de couvrir à outrance, il peut être bon que votre cheval perde avant le printemps. Pensez à anticiper le retour de l’herbe en augmentant par exemple l’exercice et/ou en diminuant la ration progressivement.

5) Limiter les causes de stress

A cause de leur instinct de survie, les chevaux victimes de stress ont tendance à manger plus. L’insécurité et la frustration provoquent chez le cheval un comportement que l’on peut comparer à la boulimie. Non seulement, manger l’apaise et l’occupe mais son cerveau lui envoie le message de faire du gras pour survivre.

Le stress va également produire du cortisol, une hormone qui en grande quantité peut perturber le métabolisme des sucres et la réponse anti-inflammatoire.

Dans d’autre cas, le cerveau ne va pas reconnaître l’état de satiété. Ceci est dû à un état d’inflammation qui endommage la zone du cerveau qui permet de détecter la leptine, indicateur de satiété.

Les facteurs de stress sont nombreux : le manque d’espace, le fait d’être cloisonné et de ne pas pouvoir fuir, le bruit du périphérique, les relations avec les congénères et la difficulté à trouver sa place, le travail intensif et le manque d’accès aux fourrages sont des facteurs connus de stress.

Parfois, le changement d’environnement améliore considérablement le bien-être du cheval et son comportement alimentaire.

On n’y pense pas assez mais les facteurs psychologiques sont à considérer pour améliorer la santé de son cheval et lutter contre l’obésité.

En ce sens, les soins énergétiques peuvent aider à améliorer l’état général.

6) Gérer l’inflammation et aider l’organisme

De nombreux chevaux obèses souffrent d’inflammation chronique. La perte de gras va aider à diminuer l’inflammation, cependant certains compléments peuvent aussi aider l’organisme à faire face à toutes les conséquence physiologiques du surpoids.

Si vous devez donner un aliment en plus des fourrages, pour cause de croissance ou autre, choisissez-le non transformé afin de limiter les additifs. Eviter l’amidon et le sucre.

On peut opter pour faire une cure d’anti-inflammatoire naturels :

Les omégas 3 ont des propriétés anti-inflammatoire naturelles alors que les oméga-6 ont des propriétés inflammatoires. Le bon équilibre est important pour l’organisme, cependant les oméga 3 sont plus rares dans l’alimentation. Privilégiez donc l’apport d’omégas-3.

La graine de lin, par exemple est une bonne source d’oméga-3 mais elle nécessite une certaine préparation. Il faut la faire cuire pour enlever sa toxicité et la broyer pour une bonne assimilation. Une fois moulues, elles s’oxydent vite et deviennent mauvaises pour l’organisme. L’idéal étant de les moudre au fur et à mesure de leur utilisation pour qu’elles gardent leurs propriétés bénéfiques. Je conseille de n’en donner qu’un tout petit peu car elles restent tout de même très caloriques.

Les anti-oxydants sont également de bons alliés pour lutter contre l’inflammation. Le curcuma avec ses propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes, peut être intéressant. De plus il aurait des vertus pour protéger le foie, diminuer l’acidité gastrique et les troubles intestinaux. Pour ma part je préfère prendre de la poudre de curcuma bio et l’utiliser en cure que sur le long terme car il contient beaucoup de fer. Pour être efficace, il doit être riche en curcumine.

Pour améliorer le transit, on peut aider la flore intestinale en ajoutant un probiotique dans l’alimentation.

Enfin, un drainage hépatique peut être une bonne idée pour nettoyer le foie surchargé de graisses.

7) Traiter les pathologies

Il existe plusieurs maladies qui favorisent l’embonpoint comme le syndrome métabolique équin ou la maladie de cushing. Un controle vétérinaire peut être utile en cas de doute afin de prendre les dispositions nécessaires. Sachez qu’un traitement peut être mis en place afin d’aider à réguler la glycémie.

Voici quelques symptômes du SME :

  • Signes de fourbures chroniques
  • Amas graisseux localisés ou généralisés
  • Baisse de fertilité

Et de la maladie de Cushing

  • Signes de fourbures chroniques
  • Fonte musculaire
  • Gros ventre
  • Dépôt de graisse localisé
  • Polyurie/polydipsie
  • Troubles neurologiques
  • Transpiration excessive

En général, la maladie de cushing ne touche que les chevaux plus âgés.

Vous l’avez compris, la gestion du cheval en surpoids n’est pas si simple, toutefois en mettant ces 7 astuces en place, c’est loin d’être insurmontable. En tant que propriétaire, il est vital de s’en préoccuper pour le bien-être et la santé de votre cheval. N’hésitez pas à partager vos idées pour faire maigrir en commentaires 😉


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